Ma démarche
Techniques utilisées

J’utilise différents papiers (papiers de soie, d’emballage, vieux rouleaux de fax, etc…) collés sur de la toile brute (recouverte d’un enduit transparent), qui sont ensuite retravaillés à la peinture acrylique, aux pigments naturels, au fusain, avec rajoutes à certains endroits de différentes matières (sable, modeling paste, ….) ensuite grattés au papier de verre, repeints, en couches successives, pour arriver à un effet d’usure, exprimant les empreintes du temps sur les choses.

Pour rehausser la luminosité, j’emploie parfois des bâtons de peinture à l’huile, en dernière couche, à certains endroits.
Une fois la toile terminée, elle est marouflée sur bois et encadrée.

"Un pan de mur délabré, un dépouillement ruineux, un coin de vitre abandonné…
De l’espace, je ne vois que le temps…

Le temps est là, il passe, il me faut en témoigner : fatiguer les couleurs, chiffonner plus les papiers, rustiquer davantage les matières, jusqu’à l’écorchure.

Alors que je surprends l’espace accablé de temps, le temps m’accable et j’accable à mon tour le papier, la matière et la toile, et tout cela ne fait qu’une même usure."

"Dans l’œuvre d’Ariane Bosquet, (Bruxelles, 1959), le temps est un élément conducteur insaisissable. Elle parvient à capter cette notion impalpable l’espace d’un moment de son évolution. Qui dira d’où sont nées ces œuvres sans cesse travaillées et retravaillées ? Sont-elles le fruit d’un esprit unique ou plutôt d’une mémoire collective ? Sorties du plus profond des abîmes de l’âme, les œuvres d’Ariane Bosquet sont les dépositaires d’un instant dans le temps."

Le parcours artistique
d’ARIANE BOSQUET
(1959),
fille de l’Académicien et écrivain belge Alain Bosquet de Thoran, débute à la fin des années quatre-vingt à l’Académie de Braine l’Alleud. Elle pratique déjà la figuration via les collages sur toile et papier. Dès 1996, c’est la matière proprement dite qui prend le pas sur l’objet. La sanction inexorable du temps sur les êtres et les choses l’interpelle. Dans son travail, l’artiste entreprend de « figer » cet « impalpable » sur des objets familiers. Portes fendues, murs délabrés, verre de fenêtre brisé. Les couleurs « terre », le pastel et les ocres sont très présents.

L’histoire d’amour d’Ariane Bosquet avec l’Afrique, le Sénégal et surtout le Mali, débute en 2006, à la faveur de son invitation à la Foire off de la Biennale de Dakar. Excellente photographe, encouragée par Chab Touré, un galeriste, photographe et historien d’art, elle parcourt le Pays Dogon et fixe par dizaines des portes en bois, en fer, rouillées, blessées des stigmates de l’usure et du temps. Vestiges émouvants et dérisoires d’un autre âge ? « Ne luttons pas (…) contre le temps ; contre la rouille, il n’y a rien à faire.» chantait Maxime Le Forestier, dans La Rouille.

Il vient à l’artiste l’idée de façonner elle-même de telles « portes » en petits formats. Elle recourt à des tôles oxydées trouvées au hasard des chemins et auprès de ferrailleurs. Elle les complète d’autres matériaux de récupération tels des bois et éléments de treillis. Sur la tôle ou sur la toile brute marouflée sur panneaux, elle peint à l’acrylique en strates successives. Celles-ci sont ensuite grattées au stylet ou scarifiées au papier de verre. Pour le brun moyen, toujours inventive, elle fait recours aux grains de café mêlés à la gomme arabique. Elle ramène régulièrement en Belgique des hauteurs de Bandiagara, un sable de teinte orangé et de la latérite rouge qu’elle intègre à ses supports, toiles ou tôles. Il s’y mêle parfois de la pâte à modeler. Une lecture détournée des oeuvres mène à les rapprocher de compositions abstraites.

Dans ses travaux plus récents, Ariane Bosquet évoque villes ou villages campés autour de Bamako ou de la Dune de Koundou. Les tôles martelées et les toiles portent, collés, des éléments de métal ou des bouts de papier de soie imbibés de jus d’acrylique et de pigments. Ils figurent « les maisons ». Dans cette oeuvre puissante les teintes mates dominent. De-ci, de-là une transparence ou un effet de lumière affleure, résultat de l’usage de pastels dilués à l’huile. Le rendu visuel suggère des ensembles volontairement chaotiques, à la fois austères et dépouillés. Conçues en trompe l’oeil, ces structures peuvent faire croire à la présence de plusieurs plans . Floutés, ils révèlent la perspective en fond des « paysages » certes ancrés dans la mémoire, mais aussi déliquescents quand, au fil du temps, leurs contours s’estompent. La rouille les aura rongés.

Tant dans son thème « les portes » que dans celui des « villes », Ariane Bosquet donne magistralement corps à ce phénomène. Non seulement chimique, mais aussi immanquablement mental. La rouille, matière-objet se fond littéralement dans le sujet. La substance, en tant que telle, habite authentiquement le coeur de la création.

Depuis 2009 et jusqu’à aujourd’hui, Ariane Bosquet multiplie les voyages vers le Mali, où elle mène à bien par ailleurs des projets associatifs liés à la scolarisation et à l’éveil artistique d’enfants.

Michel VAN LIERDE Mars 2014

 
 

Ariane Bosquet
Rue de Verrewinkel 7
1180 Bruxelles

arianebosquet@icloud.com

0477 74 55 36

 
Webdesign Ulli Bromberg